Dans son atelier depuis 2 ans, elle trépignait d’impatience de redécouvrir son univers naturel : l’eau ! Voilà qui est fait!
Houba houba, notre nouvelle yole de Ness, a rejoint son univers naturel le vendredi 27 juin dernier à Port Lavigne. A cette occasion, nous l’avons interrogé sur son ressenti.
BCC : Bonjour Houba Houba. Ce doit être un grand jour pour vous ?
Houba Houba : Oui oui, un vrai bonheur, même si l’eau était un peu fraîche. Je vais m’y habituer.
BCC : Drôle de parcours que le vôtre, vous pouvez nous résumer votre histoire ?
HH : En effet, j’ai commencé par faire une longue sieste au CNSL (Club nautique de Sèvres et Loire). Il faut dire que je m’y morfondais sérieusement dans l’attente que quelques menuisiers motivés viennent me requinquer.
BCC : Et c’est ce qui est arrivé ?
HH : J’étais alors squelettique. Une quille, une étrave, quelques membrures… Pas la grande forme….
BCC : Longue période de rétablissement alors ?
HH : Oui. C’est alors qu’une équipe de médecins menuisiers charpentiers m’ont pris en charge à l’HPLV. Pardon, l’hôpital de Port Lavigne. Une très bonne équipe constituée de Maurice, Jean Pierre, Alain, Olivier, Eric, Joel assistée ponctuellement de nombreux sympathisants aides-soignants ou brancardiers pour me déplacer. Ça a duré 2 ans, de réflexion sur le diagnostic, de débat sur la méthode, le traitement et enfin de travaux.
BCC : Et comment avez vous vécu tout ça ?
HH : Difficile à dire…. Des moments d’impatience, durant les vagues d’échanges parfois houleux pour s’accorder sur la conception, les façons de procéder… Des moments de douleur aussi quand on a travaillé mon ossature au ciseau à bois, à la râpe ou à la scie, quand on m’a infligé une séance d’acupuncture à base de clous pour tenir mes bordés… Et puis surtout des grandes moments de bonheur quand je voyais mon intégrité revenir, mes bordés, mon puits de dérive, mon safran, mon pont et mes coffres… et pour finir mes avirons et mon mât faits maison.
BCC : Et quels sont les moments forts pour vous ?
HH : Houlala ! C’est sans doute cette belle journée de mise à l’eau. Cependant, elle n’est que l’aboutissement d’une longue succession de très beaux moments. Je citerais, le coup de collier qu’ont dû donner mes soignants pour être prête aujourd’hui, le revêtement de ma robe jaune qui m’a permis de retrouver mon intimité, la pose de mes accessoires et bijoux tels que mes taquets, mes gueules de raie, ou mes chaumards, sans oublier bien sûr mon gréement et ma voilure. J’étais ainsi prête à parader dans mes plus beaux atours.
BCC : Rien à dire alors sur le traitement donc ?
HH : Heu… Peut-être quelques questions… Pourquoi les avironds sont carrés ? Pourquoi mon mât est creux ? Ou encore pourquoi hisser un tronçon de mât de planche à voile en guise de vergue ? Sans doute le résultat des cogitations de mes soignants pour m’apporter une touche de modernité, me rendre plus singulière ? En tout état de cause, le résultat est bluffant, vous ne trouvez pas ?






BCC : Parlons de cette journée. Celle de votre mise à l’eau ?
HH : Que du bonheur ! Retrouver tous les copains et copines qui m’ont suivie, soutenue ou simplement veulent me rendre hommage. Merci à la mairie qui m’a abrité pour sa présence, à tous les adhérents qui ont contribué à ma nouvelle vie, à ceux qui ont organisé cette magnifique fête, aux ebrêcheurs de la cale, aux musiciens guitaraccordeonistpipoteur et entonneurs de chansonnettes qui ont renforcé le caractère festif de cette journée, à ceux qui avaient oublié qu’avec mon gréement en place, je ne passerais pas sous les câbles Telecom, aux copains de voile-océan, à ceux du collectif nautique. Je n’oublie pas ma marraine Annick, qui après m’avoir éclaté une bouteille sur l’ancre (drôle de tradition des humains), s’est installée à bord toute émue, avec son large sourire.
BCC : Une belle journée alliant sourires et émotions en fait ?
HH : Oui, encore un grand merci à tous pour m’avoir redonné vie !
BCC : Vous avez l’air émue. Vous pleurez ?
HH : Il y a de quoi. Vous avez une écope ?

Propos recueillis par Patrick L
Quelques vidéos supplémentaires.