La croisière de Kervégon dans la mer des Pertuis (été 2025).

A l’origine, cette croisière de 10 jours devait nous amener vers les îles Scilly. Mais le mauvais temps sévissant en Manche étant « parti pour durer » cette destination a été abandonnée. L’équipage ,habitué aux coutumes météorologiques bretonnes, avait heureusement préparé en guise de « plan B » une destination potentiellement moins venteuse et pluvieuse : le Pays Basque. Malheureusement, peu de temps avant le départ,une dépression est venue s’installer sournoisement dans le sud du golfe de Gascogne.

Peu enchanté à l’idée de passer notre temps à écouter le canal 79 de la VHF 1 nous démoraliser avec sa litanie de BMS,  nous avons là encore abandonné cette destination. C’est bien joli tout ça… mais où aller maintenant ? Ce sont les cartes de prévision météo qui nous ont donné la meilleure  destination :

Et la destination gagnante a été……

LA MER DES PERTUIS CHARENTAIS.

Pour les ceusses qui ont oublié les lointains cours de géographie, je propose un petit rappel.

Définition d’un pertuis :

Zone maritime abritée et délimitée en général par une ou plusieurs îles et un continent.

Définition des pertuis Charentais :

Les Pertuis Charentais sont situés dans la région de la Rochelle sur la façade Atlantique à l’intersection des Régions Pays de Loire et Nouvelle Aquitaine. La Mer des Pertuis Charentais comprend un ensemble de trois Pertuis : le Pertuis Breton, le Pertuis d’Antioche et le Pertuis de Maumusson. 

Et pour clarifier les choses, rien de mieux qu’un carte:

Le décor étant posé, voici, en 6 étapes, et sous la forme d’un roman-photo, le récit de notre sympathique périple.

C’est avec un gentil vent de SW force 2/3 passant W l’après-midi que nous avons quitté Pornic. Petite navigation à tirer des bords au près serré . Tranquille et idéale pour amariner l’équipage. C’est sur le coup de 19h que nous sommes arrivés à Port Joinville. 19h… l’heure magique où tout marin est disponible pour le traditionnel et sacro saint « apéro ».

Et ce soir, la cérémonie a lieu à bord de Kervégon

On reconnaît Léo, Bruno, Tim , A droite se trouve Alain, un ami islais  chez qui un délicieux pot-au-feu nous attend.

Tout le monde aura reconnu Christian, installé sur l’ile de ses origines depuis le début de sa retraite (pour les nouveaux de BCC, il est l’un des cofondateurs de notre association. Il en est toujours le webmaster).

A gauche se trouve  Danièle, secrétaire  de l’Association des Plaisanciers de Yeu qui nous propose une visite de l’île le lendemain.

Voici quelques photos prises au cours de cette  visite :

ETAPE 2 : ILE D’YEU – ROCHEFORT

Pour réaliser cette étape d’un seul trait, il a fallu résoudre un problème de navigation.

Compte tenu des éléments suivants :

Le 18 septembre, l’écluse du port de Rochefort ne sera ouverte que de 16h10 à 16h40 .La mer sera pleine à 15h56 avec un coef de 61.

La distance entre Yeu et Rochefort est de ~80 NM.

La vitesse espérée est de 4kt.

Question : quand partir de Port Joinville  pour arriver à temps à Rochefort sachant qu’il faut remonter la Charente ?

Si on rate l’horaire, on est bon pour glander 23h dans l’avant port.

Réponse :

Il faut partir de Yeu le 17 en fin d’après midi et passer la nuit en mer.

Cette solution a ravi l’équipage qui ne demandait que ça !

Normalement, dès que l’on veut baliser un chenal maritime, on utilise un système international géré par l’ AISM

(Association Internationale de Signalisation Maritime).

Ce système est connu sous le nom de «  BALISAGE LATÉRAL »

Ce système est bien utilisé pour entrer en Charente depuis l’île d’Aix (début du chenal) jusqu’à Port des Barques. Mais, à partir de Port des Barques,  on passe à un système ancestral d’alignement de balises.

Pourquoi ?

Je n’ai pas la réponse.

En tout cas, c’était déjà comme ça du temps de Louis XIV.

Et c’est toujours comme ça aujourd’hui.

Je vous montre à quoi ressemble l’alignement « G » en remontant le fleuve ( entouré par un cercle sur la carte.)

Je trouve ce système génial parce qu’il permet, en plus de naviguer en sécurité, de vérifier très précisément les indications du compas de route.

Dans l’exemple, pour un relèvement vrai de 192,5°, les relèvements des 2 compas de route de Kervegon ont donné chacun ~ 190°. Ce qui est très bien.

Sachez  que, après avoir vérifié de nombreux alignements ayant des valeurs différentes, nous pouvons affirmer que les deux compas de route de Kervegon donnent de bonnes indications (jamais plus de 5° de différence entre le relèvement vrai donné par la carte et le relèvement compas).

Précision : le repérage des balises commence par la lettre « A » à Rochefort pour se terminer par la lettre « T » à Port des Barques.

Revenons à notre remontée de la Charente :

Il a été inauguré en 1900.

En 1967, la file d’attente des véhicules qui voulaient l’emprunter pouvait atteindre 500m.

Un pont à tablier mobile a alors été construit .

Ce dernier a été détruit pour être remplacé par un viaduc en 1991.

lI reste aujourd’hui 8 Ponts Transbordeurs répartis dans le monde :

• le Pont Transbordeur de Bizkaia (1893) près de Bilbao en Espagne,

• le Pont Transbordeur de Rochefort et Échillais (1900),

• le Pont Transbordeur de Newport (1906) au Royaume-Uni,

• le Pont Transbordeur d’Osten – Hemmoor (1909) en Allemagne,

• le Pont Transbordeur de Middlesbrough (1911) au Royaume-Uni,

• le Pont Transbordeur de Rendsburg – Osterrönfeld (1913) en Allemagne,

• le Pont Transbordeur de La Boca (1914) à Buenos Aires en Argentine,

• le Pont Transbordeur de Warrington (1916) au Royaume-Uni.

Leurs gestionnaires envisagent de développer une stratégie commune pour permettre à ces huit monuments d’apparaître un jour sur la prestigieuse liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO. En mars 2021, l’association mondiale des Ponts Transbordeurs est créée à l’initiative des gestionnaires du Pont Transbordeur de Bizkaia.

Espérons que cette initiative aboutisse pour éviter à ces ouvrages remarquables de subir le même triste sort que celui du pont transbordeur de Nantes. (détruit sur décision d’un triste technocrate)

Quand un bateau passe, le pilote du pont aime bien démarrer sa nacelle puis l’arrête pour laisser passer le bateau.

Les navigateurs et les « aviateurs » peuvent alors se saluer de près.

Note : les bateaux sont prioritaires car ils peuvent devenir « peu manœuvrant » en cas de fort courant.

Un peu plus loin se trouve le chenal permettant aux cargos d’accéder au port de commerce via une écluse.

Pour les amoureux de vieille marine, de vieilles pierres, de vieux savoirs et de culture en général, Rochefort est un endroit idéal.

Entre le musée de la marine, le musée de l’école de médecine navale, la corderie royale, la maison de Pierre Loti etc ..etc..on ne sait plus où donner de la tête.

Je restreins au maximum les photos de cette ville adorable.

Il faut prendre l’avion pour appréhender la taille du bâtiment central (375m)

Pourquoi si long ?

Pour pouvoir faire d’un seul tenant de très longs cordages (utilisés notamment pour les lignes de mouillage)

ETAPE 3 : ROCHEFORT – LA ROCHELLE

L’heure de départ du port est imposée par l’heure d’ouverture de la porte.

Aujourd’hui, elle ne sera ouverte qu’entre 16h10 et 16h30.

Pas de pitié pour les retardataires !

Ce sont les hauteurs de marée qui décident.

NOTE : IL EST POSSIBLE D’AGRANDIR LES PHOTOS EN CLIQUANT DESSUS

ETAPE 4 : LA ROCHELLE – LES SABLES (premier essai)

Nous quittons La Rochelle au petit matin.

Malheureusement, après une heure de navigation, notre ami Léo s’est blessé au genou.

Secret médical oblige, nous ne donnerons aucun détail.

Mais il a fallu faire demi tour, prévenir le port des Minimes de notre arrivée et organiser les secours.

Léo a été pris en charge par l’ambulance qui, après un contact avec le SAMU, l’a conduit à l’hôpital.

L’inquiétude était la même… mais pas le décor.

Puis le diagnostic est tombé : La jambe de Léo devait rester immobilisée dans une énorme attelle pendant au moins 15 jours.

Plus question pour Léo de naviguer.

A la place, Il fallait envisager le « rapatriement sanitaire » vers Douarnenez.

Nous avons décidé que, tant que Léo ne serait pas de retour chez lui, Kervegon ne  reprendrait pas la mer.

C’est comme ça que notre séjour à La Rochelle s’est prolongé.

Voici donc quelques nouvelles photos.

L’Étoile est une goélette à hunier, appelée aussi goélette paimpolaise. Cette goélette a été construite en 1932 aux Chantiers navals de Normandie par les architectes navals Charles Chantelot et Henri Lemaistre à Fécamp et elle est la réplique des goélettes de Paimpol qui pêchaient la morue au large de l’Islande, d’où également l’appellation de goélette islandaise. Elle a pour sister-ship, la Belle Poule. 

Le Phoenix est un brick construit au Danemark en 1929. Il porta aussi les noms de : Anna, Palmeto, Jørgen Peter, Karma, Skibladner, Adella,Gabriel. Le Phoenix abandonne son pavillon danois pour passer sous pavillon français en avril 2024, et son port d’attache, initialement à Charleston, en Cornouailles, est relocalisé à Port-Haliguen. Le bateau, racheté par deux armateurs français, Yannick Berdellouet et Yannick Arz, est géré conjointement par l’association de préservation du patrimoine maritime, Les Voiles Océane.

ETAPE 4 bis  : LA ROCHELLE – LES SABLES (deuxième essai)
Léo étant bien au chaud et entre de bonnes mains, nous avons repris la mer au petit matin.

La météo annonçait un un bon petit vent (secteur NE 4 à 6).

Cette fois-ci, le départ fut le bon. Nous voici en train de viser la bonne arche pour passer sous le pont.

ETAPE 5  : LES SABLES – YEU

Nous quittons Les Sables au petit matin (n’ exagérons pas : il est 11h).

ETAPE 6  : YEU – PORNIC

Le voyage se termine dans le vent mollissant.

RÉSUMÉ DE LA CROISIÈRE :

Sans l’accident de Léo, elle aurait été parfaite.

Un temps idéal.

Un bateau sans problème autre que quelques petites bricoles.

Vive BCC !

Et merci à ceux qui se décarcassent pour faire tourner la boutique.

Jean-Pierre Beck

1 réflexion sur “La croisière de Kervégon dans la mer des Pertuis (été 2025).”

  1. Bravo jean-Pierre. Un très très bel article qui illustre parfaitement cette dernière croisière de l’année 2025 à bord de Kervégon. Et j’ai été très heureux de revoir Kervégon faire un petit passage sur l’ile d’Yeu. Ceux-ci sont rares ces dernières années.

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